Anrifa est une entrepreneure passionnée par les entrepreneurs. Elle a déjà réuni plus de 1.400 personnes venues d’horizons variés sur son réseau social Yoostart. Son but est de les aider à faire décoller leurs projets en renforçant trois piliers : le réseau, la communication et la stratégie. Selon Anrifa, être chef d’entreprise, ça ne s’invente pas, ça s’apprend.
Activité : Fondatrice de Yoostart, un réseau social pour entrepreneurs
Besoin le plus urgent des micro-entreprises : Être davantage valorisées par la société
Votre botte secrète : Gérer un réseau lancé par la communauté pour la communauté
Idée pour aider les micro-entreprises : Croire en soi pour pouvoir apporter aux autres ce qu’on a à leur offrir
Comment as-tu commencé cette activité ?
J’ai vu mon père en difficulté dans l’entreprenariat et j’ai voulu comprendre ce qui lui avait fait défaut et comment aider les entrepreneurs. J’ai réalisé qu’il avait manqué de communication, de stratégie et de réseau. En 2013, en parallèle de mon travail dans un cabinet de communication, j’ai donc créé une communauté d’entrepreneurs sur Facebook pour les aider à mieux communiquer. Au début, il n’y avait aucune motivation financière derrière et je n’avais pas du tout l’ambition de devenir moi-même entrepreneure.
Plus la communauté grossissait, plus cela me prenait du temps et plus j’y prenais goût. J’adorais être au contact des entrepreneurs, je ne voyais pas le temps passer. J’ai finalement quitté le salariat en 2018 pour créer l’entreprise Yoostart, qui existait jusque-là sans modèle économique.
Comment devient-on chef d’entreprise ?
C’est à partir du moment où je me suis formée au métier de chef d’entreprise -en comprenant ce qu’est un business modèle, en apprenant à faire des prévisionnels- que j’ai commencé à rentrer dans mon rôle d’entrepreneure, avant cela j’étais juste une salariée qui jouait à l’entrepreneure. Aujourd’hui beaucoup d’entrepreneurs sont des salariés qui jouent aux chefs d’entreprise, mais l’expérience de salarié ne suffit pas quand on veut diriger une entreprise.
Quelle est ta plus grande satisfaction aujourd’hui ?
Ma plus grande satisfaction est d’avoir réussi à réunir des personnes qui viennent de milieux totalement différents. On peut avoir des éducations différentes, des orientations sexuelles différentes, des religions différentes et réussir à avancer ensemble. Les gens qui sont mis en contact sur Yoostart ne se seraient souvent jamais rencontrés dans la vraie vie. C’est une de mes fiertés.
Et ton regret ?
Il y a de plus en plus d’initiatives comme Yoostart, cependant, je regette que ces groupes-là ne soient pas soutenus par l’état et les institutions gouvernementales. Ces réseaux sont pourtant l’essence même du développement des entrepreneurs. En France, il y a beaucoup d’aide à la création d’entreprise, mais une fois qu’on est lancé, il n’y a presque plus aucun soutien, alors même que c’est à ce moment-là que l’on a besoin d’aide.
Quel accompagnement offres-tu via ton réseau ?
Aujourd’hui je développe une méthode basée sur les trois piliers que j’ai mentionné : le réseau, la communication et la stratégie. Tu peux avoir la meilleure idée du monde, si tu n’as personne sur qui t’appuyer et personne pour y adhérer, c’est compliqué. Si tu ne communiques pas, ton client ne sait pas que tu existes. Enfin, si tu n’as pas de stratégie avec des objectifs clairs, ça ne fonctionne pas non plus.
Est-ce que le manque de confiance en soi est un facteur d’échec de l’entrepreneur ?
Beaucoup d’entrepreneurs sont en proie au doute et manquent de confiance en eux. Quand l’entrepreneur est seul et qu’il n’a personne sur qui s’appuyer, ses doutes prennent plus facilement du terrain. Souvent, c’est lié à l’entourage qui ne comprend pas le choix d’entreprendre, de laisser un CDI pour une aventure risquée. On peut aussi être confronté à ses propres démons, se dévaloriser et avoir le syndrome de l’imposteur.
Cependant, si ces facteurs freinent la personne dans sa lancée, ce ne sont pas des facteurs d’échec. Quand l’entrepreneur est bien entouré, avec la bonne communication et la bonne stratégie, il arrive à surmonter cela. Au bout d’un moment, quand on a des résultats qui nous confortent, le syndrome de l’imposteur finit par disparaître.
As-tu été toi-même confrontée à un manque d’accompagnement ?
Oui et j’ai perdu environ trois ans au début à cause de cela. Il m’a manqué un mentor, quelqu’un pour répondre à mes questions et m’aider à développer un modèle économique. Encore aujourd’hui parfois, cela me manque de pouvoir échanger avec une personne qui partage la même vision que moi.
Quelle est la prochaine étape de Yoostart ?
C’est de sortir une nouvelle plateforme, une version du site qui a été co-construite par ses membres. Ils m’ont fait part de leurs suggestions et de leurs besoins en termes de fonctionnalités : c’est un réseau créé par la communauté pour la communauté.
As-tu des conseils pour les entrepreneurs ?
En général, ils veulent avoir un impact positif. Cependant, s’ils ne se jettent pas à l’eau, toutes les personnes qu’ils pourraient influencer positivement n’en profiteront pas. Personnellement, je me suis dit que peu importe d’où je venais et les moyens que j’avais, mon projet était réalisable et que les gens en avaient besoin. Il faut croire en soi et en son idée. En même temps, c’est dur de se faire confiance quand personne autour ne pense que c’est possible, mais la force de l’entrepreneur c’est d’être le premier à y croire.
Il faut aussi se jeter à l’eau et ne pas avoir peur de parler de ses idées, ce n’est pas grave de se tromper. Faire une erreur, c’est simplement devoir changer de direction et ajuster son projet.
Qu’est-ce qui te donnerait le sourire aujourd’hui ?
J’aimerais voir les entrepreneurs mis en avant par la société. Ils sont trop souvent dévalorisés, avec un statut bancal. Par exemple, il leur est difficile de faire un prêt à la banque car on ne leur fait pas confiance. Ils manquent de reconnaissance.
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