L’envie d’avoir envie

Hola,

Après plusieurs mois en retrait, me voila de retour sur le blog !

Grâce à Gabrielle, le rythme des publications est assuré : nous avons désormais beaucoup plus de contenu, d’entretiens avec des entrepreneurs des deux côtés des Pyrénées et des points de vue de plusieurs acteurs qui travaillent pour une meilleure (sur)vie des entrepreneurs et micro-entreprises.

L’urgence et la patience

Pourquoi n’ai-je pas plus écrit ces derniers temps ?

J’avais moins d’inspiration, peut-être moins d’envie et surtout plus d’interrogations sur le « quoi faire » de ce matériau très riche qui s’accumule sur le blog. Je n’arrivais pas ou plus à avancer.

Comme le dit bien un écrivain belge que j’aime beaucoup, Jean Philippe Toussaint, dans un essai sur l’écriture, « L’urgence et la patience », le processus de création (qu’il soit artistique, entrepreneurial ou autre) bénéficie de l’alternance et de la tension entre des périodes de patience et des périodes d’urgence. Les unes nourrissent les autres. La patience permet de prendre du recul, de faire émerger de nouvelles idées ou de faire maturer les bonnes. Elle permet aussi d’accumuler de l’énergie, de l’envie, de la frustration et de l’urgence. Ce sentiment d’urgence transforme ces idées en actions (ou en écrits). La patience pour imaginer, l’urgence pour produire.

Je ne suis pas quelqu’un de patient. C’est finalement le premier apprentissage – un apprentissage dans la souffrance – que j’ai fait pendant ces 2 ans après la fermeture de Tenoli au Mexique. Car cet échec, après une période de tristesse et de fatigue intense, a ouvert une période de transition, de flou, de doutes et d’interrogations beaucoup plus longue que je n’imaginais. Retrouver une idée directrice, un fil rouge, une passion : cela demande du temps. Il a fallu apprendre à attendre et ronger son frein. Il a fallu patiemment accumuler de l’envie jusqu’à ce que la jauge d’énergie et de motivation, comme la jauge de frustration et d’impatience, arrive à son climax pour basculer dans une nouvelle phase de création. J’ai compris que ce processus prend du temps.

Pendant ce temps de transition j’ai appris (pas tous les jours ceci dit) à accepter de ne pas produire. J’ai essayé de prendre ce temps comme un luxe et une opportunité pour : lire, beaucoup lire, sur tous les sujets; parler, beaucoup parler à tout le monde; rencontrer des gens qui n’étaient pas ou peu liées à mon métier; et laisser passer des heures en réfléchissant aux idées qui me venaient. J’ai appris à accepter la frustration qui nait du fait de ne « pas être productif » (quelle horreur de dire ça de nos jours). C’est de cette frustration et de ce semblant de désoeuvrement que reviennent, profondément, le sentiment de révolte et les envies d’en découdre dont j’ai besoin pour avancer.

Comme me le répétait un ami récemment l’une des étapes les plus difficiles pour un entrepreneur c’est le premier pas. Après, le reste s’enchaîne, avec les chutes et les problèmes, les difficultés, les obstacles, le stress et les moments d’adrénaline et de joie pure. Le premier pas dans le concret et la vraie vie, ce moment où on s’arrête de réfléchir et de peser sans cesse le pour et le contre, ce moment ou on bascule du rationnel vers l’opérationnel. Ce premier pas coute. Il faut ce sentiment d’urgence, quasiment d’obligation.

Et après ?

Aujourd’hui, je sens que c’est le moment. Après des semaines de pause dans la l’écriture du blog, de circonvolutions autour de mes projets et d’interrogations existentielles, l’envie est revenue plus forte. Le ballon est gonflé, il est temps de le lâcher. J’ai retrouvé un fil rouge et le sentiment d’urgence. J’ai la rage.

J’ai réfléchi au tour à donner à mon engagement pour une égalité des chances et des ressources pour tous les entrepreneurs, commerçants, artisans et indépendants de France et d’Espagne et pour des micro-entreprises plus fortes. Peu à peu, grâce à cet entre-deux, à cette interstice, s’organisent et se concrètisent les idées qui viennent des des dizaines d’entretiens que nous avons menés auprès de boulangers, fromagers, plombiers, jardiniers, fleuristes, comptables et coach sportifs.

Depuis plusieurs mois, autour de cet engagement se sont peu à peu cristallisées toutes ces idées et ces échanges (« comme le rameau de Stendhal autour duquel se cristallisent des diamants de sel » *) pour donner naissance à un nouveau projet. Ce projet est en droite ligne avec avec ce blog et les 3 millions d’entrepreneurs, et, en quelque sorte, en droite ligne avec la vision et l’ambition de Tenoli.

Chaque semaine, en plus des articles classiques et des entretiens avec des entrepreneurs, je vous tiendrai au courant des avancées de ce nouveau projet.

A suivre

*« Aux mines de sel de Hallein, près de Salzbourg, les mineurs jettent dans les profondeurs abandonnées de la mine un rameau d’arbre effeuillé par l’hiver ; deux ou trois mois après, par l’effet des eaux chargées de parties salines, qui humectent ce rameau et ensuite le laissent à sec en se retirant, ils le trouvent tout couvert de cristallisations brillantes. Les plus petites branches, celles qui ne sont pas plus grosses que la patte d’une mésange, sont incrustées d’une infinité de petits cristaux mobiles et éblouissants. On ne peut plus reconnaître le rameau primitif »

Le rameau de Salzbourg, Stendhal

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